Vie et œuvre
Chronologie de la vie et de l'œuvre d'André Lhote (1885-1962)
Né le 5 juillet 1885 à Bordeaux dans une famille modeste. Après son certificat d'études primaires en 1897, André Lhote entre en apprentissage dans un atelier d'ébénisterie (Atelier Courbaterre) où il apprend la sculpture ornementale sur bois.
L'Atelier Courbaterre le jeune André Lhote est devant au milieu © Archives André Lhote |
1899 Il suit des cours d'art décoratif à l'École des Beaux-Arts de Bordeaux et commence à peindre.
1905 André Lhote quitte l'atelier de sculpture sur bois pour se consacrer à la peinture. Il quitte aussi le domicile de ses parents opposés à son projet.
1906 Au marché aux puces de Bordeaux, il acquiert, en échange de ses peintures, des masques et fétiches africains et océaniens. Tout particulièrement auprès du brocanteur-artiste Pascal-Désir Maisonneuve. Celui-ci l'introduit auprès de Gabriel Frizeau, seul amateur de peinture moderne et de littérature contemporaine à Bordeaux, ami de Paul Claudel, Francis Jammes et André Gide. Dans le salon de Gabriel Frizeau, Lhote a la révélation de la modernité de la peinture devant le grand tableau de Gauguin : D'où venons-nous ? Que sommes nous ? Où allons-nous ? (Musée de Boston)
André Lhote à 14 ans © Archives André Lhote | Portrait d'Alain-Fournier 1912 | André Lhote 1907-1909 © Archives André Lhote |
1907
C'est aussi chez Gabriel Frizeau
qu'André Lhote rencontre un jeune homme
de son âge, Jacques Rivière (1886-1925),
futur directeur de La Nouvelle Revue
Française, qui sera son ami jusqu'à sa
mort. Commence alors une importante
correspondance à laquelle s'associera dès
1909, Henri Alain-Fournier (1886-1914)
ami et beau-frère de Jacques Rivière et
futur auteur du Grand Meaulnes. André
Lhote est admis et expose trois œuvres au
Salon d'Automne à Paris, il y participera
désormais tous les ans.
Au Salon d'Automne, la rétrospective Cézanne (56 œuvres), mort
l'année précédente, est un choc esthétique déterminant
pour sa conception picturale.
La Grande forêt 1908 Coll. Particulière |
La Bacchante 1912 Exposée au Salon de la Section d'Or Musée des Beaux-Arts de Bordeaux |
1908 Après de nombreuses tentatives, il est enfin admis au Salon des Artistes girondins de Bordeaux dit «Salon des Refusés». Il y est remarqué par le substitut Joseph Granié, grand amateur d'art et ami des peintres, celui-ci devient le protecteur de sa future carrière parisienne.
1909
Mariage avec Marguerite Hayet.
André Lhote est invité à participer à l'exposition en
juin du Cercle de l'art moderne du Havre. Il y expose
deux tableaux.
1910 Reçu à la Villa Médicis Libre à Orgeville (Eure), fondation en faveur des artistes mariés. Il y séjourne en même temps que Raoul Dufy et Jean Marchand. Novembre, première exposition particulière à Paris à la galerie Eugène Druet. C'est Charles Morice, l'ami de Gauguin qui fait la préface du catalogue.
1912 Ses recherches le mènent naturellement au cubisme, mais à un cubisme personnel inspiré par les fresques romanes et l'art primitif. Il est invité à présenter dix toiles à l'exposition «La Section d'Or» à la Galerie La Boëtie, à Paris. À Londres il participe à la «Second Post Impressionnist Exhibition» aux Grafton Galleries organisée par le peintre Roger Fry et le groupe de Bloomsbury (l'entourage de Virginia Woolf).
1913 Exposition particulière à Stockholm.
1914
Paris, exposition particulière à la Galerie
Vildrac au printemps.
Mobilisé à la déclaration de guerre, il est versé dans l'armée
auxiliaire à la préfecture de Bordeaux.
1915 André Lhote est réformé à cause d'une affection évolutive de la rétine.
1916 Participe par quatre peintures et autant d'aquarelles au Salon d'Antin, organisé par André Salmon dans les salons du couturier-collectionneur Paul Poiret. C'est à cette exposition sur le thème de «L'Art moderne en France» que sera présenté pour la première fois le tableau de Picasso, Les Demoiselles d'Avignon.
1917
Enseigne la peinture à l'Atelier libre, boulevard du
Montparnasse. S'intègre pour un temps au groupe
du cubisme synthétique.
Chargé d'une mission artistique il séjourne dans
les ports de la marine de guerre.
Peint une grande toile, Rugby
(Paris, Musée National
d'Art Moderne). Le mouvement, l'organisation du jeu,
les costumes, se prêtent à l'organisation géométrique
et rythmée des compositions colorées.
L'été, vacances à Piquey, au bord du bassin d'Arcachon
avec Jean Cocteau. Il en sera ainsi les années
suivantes avec Diego Rivera, Jacques Lipchitz,
et quantité d'autres artistes.
Rugby 1917 Musée National d'Art Moderne | Portrait de Jean Cocteau Coll. Particulière |
1919
Dès juin, Lhote devient le critique d'art de la
Nouvelle Revue Française. Tribune qu'il
tiendra jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
C'est le début de quarante ans de correspondance et d'amitié avec
Jean Paulhan (1884-1968) qui, à la mort de Jacques Rivière, dirigera
la Nouvelle Revue Française.
Il fait partie du groupe de la «Jeune peinture française» qui exposera à
Paris, Anvers, La Haye et Rotterdam. André Lhote accompagne ces
expositions par des conférences.
1918-1921 Enseigne à l'Atelier d'Études, boulevard Raspail, à l'Académie moderne, rue Notre-Dame des champs et à l'Académie Montparnasse, rue du Départ. Ces académies sont fréquentées par des artistes venus de tous pays.
Le Peintre et son modèle 1920 Musée National d'Art Moderne | © Archives André Lhote |
1920-1930 Période de très forte activité. André Lhote est sollicité pour participer à de nombreuses expositions en France et à l'étranger, ainsi que pour faire des conférences. Il est un initiateur majeur des réflexions sur l'évolution de l'art et participe aux grandes polémiques qui animent la scène artistique de cet après-guerre. Illustre de nombreux livres. Fait partie du «Quatrième groupe» de peintres de la Galerie Druet qui expose tous les ans.
1920 Exposition particulière à la Galerie Druet avec préface par Jacques Rivière. Expose et voyage en Suède, Belgique et Hollande. Donne des conférences dans ces pays. Illustre Escales de Jean Cocteau, et Les Animaux et leurs hommes de Paul Éluard. Participe à la revue anglaise Athenaeum.
L'Académie en 1927-1928 © Archives André Lhote | 14 Juillet en Avignon Musée des Beaux-Arts de Pau |
1921 Exposition particulière à la galerie Paul Rosenberg.
1922 Jacques-Émile Blanche invite André Lhote à organiser avec lui l'exposition «Cent ans de peinture française», au profit de la reconstitution du Musée de Strasbourg. Exposition de toiles de maîtres provenant de collections prestigieuses. Lhote fait la préface du catalogue : «De J.A.D. Ingres au cubisme».
1923 Conférence au Collège de France «Nature-Peinture, Peinture-Poésie». André Lhote y développe sa conception d'une peinture, «métaphore plastique».
1925 Ouverture de l'Académie André Lhote, 18, rue d'Odessa, près de la gare Montparnasse. Son enseignement attirera de nombreux peintres du monde entier. Parmi eux on peut citer Tarsila do Amaral, Tamara de Lempicka, Hans Hartung et Anna Bergman, Aurélie Nemours et bon nombre de peintres de l'École de Paris. Des photographes travailleront là à la composition de l'espace pictural, parmi les plus célèbres, Henri Cartier Bresson, Rogi André, Dora Maar. A.L. découvre le village de Mirmande dans la Drôme qu'il entreprend de faire revivre. Il y installe son académie d'été, attirant là des peintres et des amoureux de vieilles pierres.
Mirmande un jour de Mistral Coll. Particulière | André Lhote en 1928 © Archives André Lhote | Esquisse pour Léda 1932 Coll. Particulière |
1929 Invité à faire une conférence et à exposer au Salon tunisien à Tunis. Pour les mêmes raisons, il voyage en Hongrie et Roumanie.
1932 Conférence à l'Institut d'art et d'archéologie de Paris : «le Cubisme» Exposition particulière à la Galerie Druet.
Projet de fresque 1935 Coll. Particulière |
1933 Parution de La Peinture, le cœur et l'esprit Paris, Denoël.
1934 Invité par le Comité de l'Encyclopédie française : écrit le chapitre sur la «Composition du tableau».
1935 Organise l'exposition «Temps Présent» à la Galerie Charpentier, invite les maîtres de la génération précédente à y venir côtoyer les jeunes artistes.
1936
La conférence «Faut-il brûler le Louvre ?» qu'il prononce à la Salle Pleyel,
provoque une violente polémique dans le monde de l'art et des musées à propos de
la modernisation de la muséologie, la restauration et le nettoyage des tableaux
encrassés.
Participe aux grands débats sur le réalisme et
la peinture qui ont agité le monde
artistique, en cette période d'affrontement où les
conceptions politiques tendaient à influer sur les
représentations plastiques.
Ces débats se poursuivent à Venise lors de la Biennale
de peinture, sur le thème de l'Art et l'État.
Parution de Parlons Peinture, Denoël.
André Lhote peignant Les Dérivés de la Houille Coll. Particulière | Gordes © Archives André Lhote | La porte de la maison de Gordes Coll. Particulière |
1937 À l'occasion de l'Exposition universelle à Paris : Lhote compose deux grands panneaux pour le Palais de la Découverte, Le Gaz, Les Dérivés de la houille.
1938
Réalise une grande décoration pour l'amphithéâtre
Painlevé au Conservatoire National des Arts et Métiers.
Elle ne sera pas installée.
C'est aussi cette année qu'il découvre le village de Gordes
dans le Vaucluse, y achète une maison, et œuvre à la
renaissance du village ainsi qu'il avait fait pour Mirmande.
1939 Parution du Traité du Paysage, Floury.
1940 Accueille à Gordes son ami Marc Chagall qui y achète une maison et s'y réfugie en attendant son départ pour l'Amérique.
1942 Publication de Peinture d'abord, Denoël.
1943 Parution de Petits itinéraires à l'usage des artistes, Denoël. Il s'agit d'un carnet de voyage illustré de dessins sur les villages de la Vallée du Rhône de Mirmande à Gordes.
Portrait de Simone, 1947 Coll. Particulière | La Cadière 1957 Coll. Particulière |
1944 Épouse Simone Camin.
1946
Publication d'une anthologie d'écrits de peintres :
De la Palette à l'écritoire,
Corrêa et Écrits sur la peinture,
Bruxelles et Paris, Éditions Lumière.
En novembre a lieu à Bruxelles la première rétrospective de son œuvre au Palais
des Beaux-Arts.
1947 André Lhote organise l'exposition «L'Influence de Cézanne» à la Galerie de France, y sont présents tous les maîtres du vingtième siècle.
1948
Achat d'une maison à La Cadière d'Azur dans le Var, village où il attirera
ses amis et élèves comme il fit pour Mirmande et Gordes. Publie
Seurat, Paris,
Braun et Cézanne, Lausanne, Éditions Jean Marguerat.
Donne cinq conférences à la Sorbonne durant l'hiver 1948-49 sur le thème de la
«Recherche des Invariants plastiques». Les deux dernières seront publiées en
1967 dans le recueil Les Invariants plastiques,
Paris, Hermann.
André Lhote en 1950 © Archives André Lhote | Le Caire Coll. Particulière |
1950
Publie Le Traité de la Figure, Paris, Floury.
Invité par le gouvernement égyptien, en particulier par le ministre et poète Taha
Hussein et son ami le peintre Mohamed Naghy bey. André Lhote passe l'hiver en Égypte,
découvre les peintures thébaines, expose et donne des conférences au Caire et Alexandrie.
Il y retrouve les peintres de ce pays qui fréquentent aussi son académie.
C'est cette même année qu'André Lhote fait don au Musée National d'Art Moderne de
Rugby 1917.
1951-1952 Durant l'hiver, André Lhote retourne en Égypte pour étudier la peinture pharaonique.
Été 1952 Voyage au Brésil ; il est invité par ses amis peintres brésiliens à créer une académie à Rio de Janeiro. Il fait, à cette occasion, une série de conférences.
Rio de Janeiro Coll. Particulière |
Sainte Trinide Coll. Particulière |
La Pointe Lousteau 1961 Coll. Particulière |
1953 Exposition au Musée National d'Art Moderne, «Le Cubisme», André Lhote envoie douze toiles.
1954
Parution de : Chefs d'œuvres de la peinture
égyptienne, Hachette, avec de nombreuses illustrations.
Préside la délégation française de l'Association internationale
des arts plastiques à la Biennale de Venise.
1955-1961 S'ouvre pour André Lhote une période d'hommages et de rétrospectives organisés dans tout le monde artistique.
1955 Exécute pour la faculté de médecine de Bordeaux, une grande décoration destinée à l'Institut d'odontologie La Gloire de Bordeaux.
1956 Publie La Peinture libérée, Paris, Grasset éditeur. Publie De l'abstraction représentative, Florence, Sansoni. Reçoit le Grand prix national des arts. De nombreuses manifestations accompagnent l'événement.
1957 Hommage lui est rendu par l'Union des arts plastiques.
1958 C'est l'année de la grande rétrospective André Lhote au Musée National d'Art Moderne à Paris, organisée par Jean Cassou qui signe en même temps la préface d'expositions rétrospectives programmées sur deux ans à New York à la Juster Gallery.
1960 Cette année, constatant l'ampleur des travaux à faire, André Lhote, fatigué par les atteintes d'une maladie qu'il ne connait pas encore, se résout à regret à la vente de sa maison de Gordes. Sa palette est d'autant plus colorée et forte en matière que sa vue a beaucoup baissé.
1961 Rétrospective André Lhote à La Maison de la pensée française, organisée par Georges Besson qui en fait la préface «André Lhote ou la liberté retrouvée». En été, il revient passer quelques temps sur le Bassin d'Arcachon, sur les lieux de ses vacances de jeunesse.
1962 Le 24 janvier, décès d'André Lhote.